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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 23:30

patanjali.jpg

 

 

 

Il y a un mot, parmi tant d'autres, qui n'a pas finit de susciter des distorsions lexicales. Ce mot c'est yoga. C'est à cause du flou où se trouve ce mot que la voie se nomme la voie ou la Madhyama-màrga [voie du milieu ou voie transversale]. C'est parce que l'on nomme yoga tant de pratiques différentes que la voie, qui est le yoga originel, ne se nomme pas yoga.

 

C'est comme le mot énervé. Si on vous demande ce que signifie ce mot, que répondez-vous ? Peut-être comme ici : http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/enerve/

-énervé, adjectif : agacé, qui marque de l'énervement. Synonyme : excité. Anglais : irritated, agitated.

 

Alors que le mot énervé signifie, étymologiquement : Du participe passé énervé du verbe énerver. Au sens premier, cet adjectif signifie à qui l'on a ôté les nerfs et qui donc se retrouve sans réaction. Employé par antiphrase, il a fini par signifier tout le contraire. [Wiktionnaire]

 

Pour le mot yoga c'est la même chose. La majorité dit que le yoga est codifié par Patanjali, auteur des yoga Sùtra, entre l'an 300 et l'an 500 après Jésus-Christ. Dans ce livre, le verset introductif dit : ''Yogas citta-vritti-norodhah'', soit : le yoga est la cessation des fluctuations du mental. En ce sens le yoga est l'union : l'union de l'être, ou retour à son unité, unification. En occident on désigne, communément, le hatha-yoga sous ce mot.

 

Et puis si on avait nommé la voie : yoga, qu'auraient dit tous les autres yogas ? Disons ceci : ''Il n'y a qu'un seul yoga et de nombreuses pratiques pour y arriver''. Alors, modestement, on inscrirait la voie dans la liste des yogas à visée purement spirituelle, comme les trois de la Trimàrga [jnana, bhakti, karma] le Raja, le hatha, le...Enfin bref : tapez yoga sur google et vous en aurez une liste exhaustive.

 

Alors va pour la voie, va aussi pour Madhyama-màrga. Si on lit le yoga sutrà in-extenso et dans le détail, que l'on décortique chaque mot, en lui cherchant son sens le plus proche de sa vérité lexicale, on s’aperçoit que la voie était ce que pratiquait patanjali [pour autant qu'il ait été une personne réelle et non un ''pseudo'' de différents rédacteurs], en tout cas, s'il n'avait pas existé ''pour-de-vrai'', que la voie décrite dans ce livre, est la voie que pratiquent les Marcheurs et ce dans le moindre détail. Les mots changent, mais ce qu'ils recouvrent est identique.

 

Selon le yoga sutrà, l'esprit humain se compose [ou se décompose] de cinq sortes de vrittis, ou mouvements, fluctuations de la pensée. Ils sont des productions [manas] du mental [jïva] de sa conscience [citta]. Pour la voie la Conscience [ou Témoin], qui est l'attelage âme-ego, a sa demeure dans le ''mental-supérieur'', son interface avec le monde. Elle n'est pas la conscience du mental, celle dénommée citta dans le yoga-sutra. Citta est formé par toutes les impressions, les perceptions que le mental a reçu à cause des dix indriya. [facultés du mental. Ne pas confondre avec les vingt-deux indriya bouddhistes qui tiennent compte des facultés physiques]

 

Ces vrittis sont des tourbillons de pensées qui varient selon les trois états de la conscience : la veille [Jàgrat], le rêve [Svapna] et le sommeil profond [Susupti]. Ces pensées proviennent des samskàra [les intentions mentales qui sont les génératrices du karma] et des vàsanà [les tendances, les désirs, les inclinations] liés au mental [jïva]

 

Autrement dit le mental fonctionne sans fin et produit des ''états-d'âmes'' et des pensées issus de sa volonté délibérée ou de ses désirs inconscients qui sont afférant à ses inclinations et ce à travers ses différents états de fonctionnement : la veille,le rêve et le sommeil. Ces produits du mental se déclinent en cinq sortes de vrittis [modification du mental] ou anga :

 

-Anga premier/Pramàna [objectivité] : Jugement valide, connaissance objective étayée par l'expérience et/ou l'expérimentation, ce qui correspond, pour l'occident moderne à l'épistémologie, la science. Le pramàna est un des trois membres d'un tripode [triputi] orbitant autour de la pramà[connaissance valide, ou objective] : pramàta[le connaisseur], pramàna[le moyen de la connaissance], et prameya[l'objet de la connaissance].

 

-Anga second/Viparyaya [erreur] : La connaissance viciée, fausse, non objective qui ne repose pas sur l'expérience ni sur l'expérimentation. Cette aberration de la connaissance est causée par les sens et les apparences sans que l'on ait vérifié leur validité par l'expérimentation et la réflexion. Ce sont les à peu près, les on-dits, les idées préconçues. Cette connaissance, la réflexion du mental, est viciée par cinq facteurs :

 

*Avidyà : l'ignorance.

*Asmità : l'égocentrisme.

*Ràga : La passion.

*Dvesa : L'aversion ou la haine.

*Abhinivesà : l'attachement à l'existence.

 

-Anga troisième/Vikalpa [imagination] : Conceptualisation ou connaissance issue de l'imagination, qui ne s'appuient pas sur l'observation de la réalité.

 

-Anga quatrième /Nidrà [sommeil] : Perte de l'attention, somnolence, endormissement de la conscience.

 

-Anga cinquième/Smrti [la mémoire] : L'ensemble des souvenirs en même temps que les livres les plus anciens de l'hindouisme, fruits de l'érudition. Ils sont de moindre importance que les textes révélés [sruti]. Pour nous la Bhakti-kä-màrga est un livre révélé, comme les Tao-Te-king, la Bhagavad-gîtà.

 

Pour le yoga-sutra, le but du yoga est la parfaite union, le samadhi. Pour la voie ce mot recouvre, en fait, ce que nous nommons : Réalisation. Pour Patanjali il s'agit de faire cesser l'agitation du mental source de toute souffrance. Le moyen que nous avons, pour travailler à atteindre ce but est l'Agya, tripode constitué du Service, du Satsang et de la Méditation. Le yoga sutra décrit le cheminement qu'il faut faire pour atteindre ce samadhi [Réalisation pour la voie], cette paix intérieure.

 

Nous approuvons ce cheminement sans le systématiser comme Patanjali. Le yoga sutra donne à ce cheminement le nom de : Sàdhana. Le chapitre, qui lui est consacré, sàdhana pàda, expose les causes de la souffrance et propose de travailler à les éliminer. Pour ce faire il est demandé d'observer simultanément les huit directions de l'ashtànga-yoga [fondement du yoga spirituel que nous nommons la Madhyama-màrga] :

 

-1/Yama : Respecter ses devoirs moraux envers soi-même et les autres. [nous disons dharma] Ce mot signifie : contrôle de soi, devoir moral, règle, observance, austérité. Par exemple, le fait de mâcher cinquante fois chaque bouchée [macrobiotique] participe du refrènement de sa pulsion d'avaler vite et fait partie de yama.

 

Ce travail sur le contrôle de ses pulsions est la première étape du yoga. Nous travaillons à la même chose, sur la voie, par l'Observance de l'Agya et la méditation continue, durant la journée, sur le Saint-Nom [Service]. Et le respect de son dharma. Agir en toute Conscience en faisant au mieux ce que l'on doit, quand on le doit et sans s'attacher au résultat [non-agir décrit dans la Bhagavad-gità et le Tao-Te-king] participe de cette ''ascèse''.

 

-2/Niyama : Se discipliner et se mesurer dans la vie quotidienne. Ce mot veut dire : restriction, limitation, abstinence, retenue, réserve, discipline, austérité, pratique résultant d'un vœux. Les parties les plus fortes de niyama sont celles dévolues aux moines et moniales.

 

-3/Asana : Se tenir tranquille de façon stable. Équanimité. La position dont parle Patanjali, la posture, l'àsana n'est pas une position de yoga, une position des membres du corps.. Patanjali ne parle d'aucune position particulière, ni assis, ni couché.

 

-4/Prànàyàma : Devenir conscient de la respiration. Patanjali ne parle d'aucun ''prànàyàma particulier et jamais d'un quelconque contrôle, du souffle, contrairement à toutes les pratiques actuelles sur le souffle qui portent ce nom. Nous avons, sur la voie, une des quatre techniques de Méditation qui est le prànàyàma pratiqué par Patanjali, l'originel. Il n'y a aucun contrôle du souffle. Ce serait même lui qui contrôlerait notre mental par Dhàranà [concentration]. Cette technique est révélée aux aspirants après une période de préparation.

 

-5/Pratyàhàra : Abstraction des sens, retrait des objets de leur perception. Savoir séparer la perception des choses du monde, intérioriser les sens. Le détachement.

 

-6/Dhàranà : Concentration, faculté de focaliser son attention sur un seul ''objet'' de Méditation. Sur la voie nous portons notre attention sur les manifestations perceptibles, en soi, de la vie qui nous anime [le Te du Tao], c'est à dire sur le Saint-Nom [Satnam], la Musique et la Lumière. C'est la condition incontournable pour atteindre dhyàna.

 

-7/Dhyàna : Contemplation. C'est l'état de Méditation profonde, quand presque plus rien ne vient déranger notre focalisation. C'est la porte du samadhi.

 

-8/Samadhi [le Laya-yoga] : Fusion. C'est quand le Témoin [la Conscience] n'est gênée par aucune pensée ni sensation, alors elle fusionne avec le Te et atteintSatçitananda, la parfaite Conscience de la Béatitude. L'éveil vient après un samadhi. Ne pas confondre avec la Libération qui ne peut venir qu'après la désincarnation. Le samadhi n'est pas un gage de Libération. Il faut atteindre la Réalisation. L'éveil donne la juste-vue, la pleine Conscience, le discernement et permet d'entrer en dhyàna à volonté et facilement. C'est un état transcendantale, véritablement, hors de l'espace et du temps. Un maître doit-être éveillé pour enseigner. Patanjali met l'accent dur l'absolue nécessité d'un maître.

 

A la fin de ce chapitre [le troisième], intitulé : ''des pouvoirs'' : Vibhûti pàda, patanjali nous met en garde contre les pouvoirs merveilleux [Siddhi] et nous dit que leur quête peut être très néfaste et plus qu'une entrave sur la voie. L'ego-spirituel adore l'élitisme et les pouvoirs merveilleux. Se servir du yoga à ces fins serait un dévoiement.

 

Le yoga-sutra se termine par le chapitre IV, de l'émancipation : Kaïvalaya pàda qui est une reprise des thèmes déjà vus vers le détachement qui mène à la Liberté.

 

Notre vie spirituelle est entièrement basée sur cette volonté de se centrer et de trouver la paix intérieure, quelle guide nos vie. Par l'Agya et la pratique quotidienne de ses trois parties : le Service, le Satsang et la Méditation, dans le plus parfait respect du monde, de la société, d'autrui, de la nature et de notre dharma. Le yoga, selon le yoga-sutra n'est ni plus, ni moins, que cette même voie avec d'autres mots, d'autres concepts datant de plus de 1600 ans et traduits du sanskrit à l'anglais et au français.

 

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Sources :

 

- les yoga sutra [http://www.centrejaya.org/spip.php?article71]

-Wikipedia.

 

-http://www.lechim.ch/patanjali.html

 

-Yoga Sutras of Patanjali -Swami Jnaneshvara Bharati-

 

-39 ans de pratique du yoga originel [la voie ou Madhyama-màrga].

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