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22 août 2012 3 22 /08 /août /2012 16:40

 

  la-juste-vue.jpg

 

 

 

 

 

 

En spiritualité, comme ailleurs, on met un nom sur tout, par exemple les conséquences de ses actes, on les nomme karma. Nos devoirs portent le joli nom de dharma. L'oxygène de l'air se dit : pràna et ainsi de suite pour ce qui est des voies spirituelles qui utilisent le sanskrit .

 

 

 

Pour ce qui est des voies spirituelles qui utilisent d'autres langues, ce sera d'autres noms. Mais le fait que quelque chose soit désigné différemment, par des noms différents, en différentes langues ne veut pas dire qu'il s'agit de choses différentes...

 

 

 

Cet état de chose n'est pas ce qu'il y a de plus propice à la communication, à l'entente et à la compréhension partagée...Mais s'il n'y avait que ça ! Ce ne serait pas si grave. Il y a d'autres facteurs qui viennent intervenir négativement dans les échanges entre les hommes. Un de ces facteurs est la distorsion qu'il y a entre la réalité et ce que l'on croit être la réalité...Cette distorsion existe pour chaque être humain.

 

 

 

Il existe une vertu spirituelle, nommée la juste-vue, qui est la faculté de voir les choses telles qu'elles sont et non pas telles qu'on voudrait qu'elle soient ou que l'on craint qu'elles fussent. La juste vue, que d'aucun nomment l'objectivité, n'est pas ce qui est le plus partagé entre les gens, elle est même assez rare.

 

 

 

Il y a une histoire qui illustre bien ce propos :

 

 

 

Un jour, le Bouddha conta l'histoire d'un jeune marchand, marié à une très belle femme et père d'un petit garçon. Or sa femme vint à tomber malade et mourut ; l'homme reporta alors toute son affection sur l'enfant, qui devint son unique source de bonheur et de joie.

 

 

 

Un jour que ses affaires l'avaient éloigné de chez lui, une bande de brigands mit le village à feu et à sang et enleva son fils, alors âgé de cinq ans. A son retour, il fut anéanti par un immense chagrin devant le désastre survenu en son absence. Dans les décombres, il découvrit les restes calcinés d'un petit enfant que, dans son désespoir, il prit pour le cadavre de son fils. S'arrachant les cheveux, se frappant la poitrine, il pleurait sans pouvoir surmonter sa douleur. Finalement, il procéda à la cérémonie de crémation et recueillit les cendres dans une petite bourse de soie précieuse. Qu'il travaillât, dormît ou mangeât, il portait constamment les cendres sur lui. Souvent, s'asseyant à l'écart, il pleurait des heures durant.

 

 

 

Un jour, son fils parvint à s'échapper et retrouva le chemin du village. Il était minuit lorsqu'il atteignit la maison de son père et frappa à la porte. L'homme était couché et sanglotait, le sac de cendres à ses côtés. " Qui est là ? " demanda-t-il. L'enfant répondit : " C'est moi, papa, c'est ton fils. Ouvre la porte. " Dans son angoisse et sa confusion, le père pensa qu'un mauvais plaisant lui jouait un tour cruel. " Va-t'en, cria-t-il, laisse-moi tranquille ! " Puis il se remit à pleurer. A plusieurs reprises, le garçon frappa à la porte, mais le père persista dans son refus de le laisser entrer. Finalement, l'enfant fit demi-tour et s'éloigna lentement. Père et fils ne se revirent jamais.

 

 

 

A la fin de l'histoire, le Bouddha ajouta : " Parfois, dans un certain contexte, vous prenez quelque chose pour la vérité. Si vous vous attachez obstinément à cette opinion, la vérité viendrait-elle en personne frapper à votre porte, vous ne lui ouvririez pas. "

 

 

 

Pourquoi nous attachons-nous à nos présomptions et à nos croyances au point de passer à côté de la vérité et de demeurer dans l'ignorance de la réalité, comme ce père dans l'histoire du Bouddha ? A cause de l'ignorance. L'ignorance dont je parle ici n'est pas celle de celui qui ne sait ni lire ni écrire. Même celui là sait une multitude de choses, même s'il ne les a pas apprises dans des livres et qu'il ne saurait pas les écrire...

 

 

 

La Connaissance qui peut suppléer à cette ignorance est décrite par de nombreux livres mais on ne peut pas l'y apprendre. C'est comme la compréhension. La compréhension qu'offre cette Connaissance n'est pas le fruit de l'intelligence, du mental. Comprendre veut dire ''co-préhende'', c'est à dire : ''prendre-avec-soi'', intégrer, faire sienne la pensée, la parole de l'autre.

 

 

 

Comprendre intellectuellement ce qui signifie ''empathie'' ne signifie pas que l'on éprouve ce sentiment, cette vertu. Comprendre l'empathie signifie la ressentir. C'est ainsi dans la vie spirituelle où Connaissance n'a pas le même sens que connaissance, Conscience que conscience.

 

 

 

L'ignorance qui empêche la juste-vue est celle de la Connaissance : on ne connaît pas. Qu'est-ce que l'on ne connaît pas ? La Vérité. Oui, parce qu'il en existe une, n'en déplaise à ceux qui prônent son inexistence et disent qu'à chacun sa vérité...Au nom de la démocratie et de la liberté individuelle on nie l'évidence. Il y a une différence entre la Vérité et la vérité, comme il en existe entre la Connaissance et les connaissances, la compréhension et la Compréhension etc...

 

 

 

Oui, à chacun sa vérité personnelle, pourquoi pas ? Mais il en est une qui est partagée par tous, même si tous n'en ont pas Conscience. Voulez-vous des exemples de Vérités universelles ? Tous les vivants ne sont pas morts. Tous les êtres humains ont besoin de boire, de manger et de dormir pour rester vivants...Pourquoi dire une évidence aussi évidente que ''tous les vivants ne sont pas morts'' ? Pour souligner que chaque être vivant est en vie et que la vie est bien une Vérité qui est partagée par toutes les créatures qui sont vivantes : c'est notre dénominateur commun...

 

 

 

Ensuite il y a une infinité de vérités, comme celle sur les causes et les conséquences du réchauffement climatique, ou celle sur le moyen de lutter contre la crise financière, la pauvreté dans le monde etc, etc...

 

 

 

C'est comme pour la Connaissance et les connaissances...Il ne faut pas les opposer pas plus qu'il ne faut opposer la ''sphère'' spirituelle et la ''sphère'' matérielle. Il n'y a pas plusieurs sphères, en la matière et tout est spirituel, pour ce qui concerne la Création [l'ensemble de ce qui a été fait pas l'Un].

 

 

 

Pour comprendre et voir le monde tel qu'il est, soi même et les autres gens, il faut avoir la juste-vue et la juste-vue s'acquière quand on a la Connaissance [vous avez remarqué ? Il y a un ''c'' majuscule !] Et la Connaissance ne se prend pas, elle se reçoit et pour la recevoir il faut la demander. Pourquoi ? Parce qu'il est absolument impossible de trouver la Connaissance par soi-même, tout seul. Comment un ignorant [dans le sens spirituel, pas des connaissances] pourrait-il juger de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas ? Si on désire avoir la juste-vue, c'est qu'on ne l'a pas. Comment, sans juste-vue, voir justement ?

 

 

 

On vous dit les choses mais seuls ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent. Les autres entendent les mots mais ne les comprennent pas, leur heure n'est pas venue. Tant que la Conscience est enfermée dans la citadelle des certitudes les assauts du Satsang seront vains. Ceux là demanderont : ''mais pourquoi serait-ce votre vérité qui serait la bonne ?'' A cette question il ne faut pas répondre, c'est le jeu auquel jouent les enfants des cours d'école....''Que ceux qui ont des oreilles pour entendre entendent...''. Pour les autres le temps viendra...

 

 

 

Reconnaître que l'on ne sait pas et qu'il nous faut tout oublier pour tout réapprendre demande une vertu difficile à avoir mais qui est cardinale dans la vie spirituelle [qui n'est ni la religion, ni l'ésotérisme] Cette vertu est l'humilité. Tant que la vanité nous fera croire que l'humilité est l'humiliation et la soumission, alors elle ne sera pas possible...A chacun selon son mérite.

 

 

 

Les choses sont telles qu'elles sont, pas telles qu'on les voit ni telles que l'on voudrait qu'elles fussent...La vie est une véritable merveille, en tout cas elle est bien mieux que la mort pour ceux qui, comme nous, n'ont pas une guerre injuste pour la leur pourrir et les rendre fous de désespoir...Mais pour le voir il faut la voir telle qu'elle est et ne pas se laisser aveugler par des émotions, des sentiments, des peurs, des fantasmes et des pensées...

 

 

 

Mettre ''celui-qui-regarde'', le témoin, notre vrai ''soi'', notre Conscience en un endroit, en nous, qui soit toujours le même, toujours vrai et serein sert de base référentielle pour juger de ce qui nous arrive et nous entoure...Ainsi on laisse le maelström de notre mental de côté et on peut voir et entendre la vie telle qu'elle est. Cela n'efface pas les tracas quotidiens mais les remet à leur juste place et leur redonne leurs justes dimensions...

 

 

 

Le propos de la vie spirituelle n'est pas de soulager nos tracas quotidiens, mais cet effet ''secondaire'' est bien agréable et très bienvenu. On le nomme, parfois, le détachement, la sérénité, voir l'équanimité. Il n'empêche que les tracas du quotidien doivent être résolus en faisant ce que l'on doit faire, comme on le doit et quand on le doit, mais l'action est plus facile et plus efficace quand on a ''raison-gardée''...Non ?


 

 

 

La juste vue

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